Tout disparaît.
En même temps. Une jeune fille. Un journaliste. Puis un grand quotidien, mythique, qui s’effondre avec un craquement sinistre.
Au fil de ce thriller philosophique, l’enquête se fait quête,
dans le décor massif et profond des Vosges du Nord.
Emporté
malgré lui, un reporter désabusé décrit l’inexorable descente des êtres
et des choses vers le séjour des morts à ce moment charnière – le
tournant du millénaire et les prémisses de l’économie numérique – où une
certaine idée de la presse disparaît, et, avec elle, le monde d’avant
les emails, fait de cartes Michelin, de typomètres, de sténos, de
pellicules et de tirages photos qui voyagent dans les locomotives des
trains express...
De rebondissement en faux-fuyants, Philippe Bouvier
- journaliste passé par France-Soir, Le Figaro, Le Parisien, Envoyé
Spécial… - dévoile dans ses moindres détails la vie et le travail des
fait-diversiers sur les chemins du crime, et livre une parabole sur
l'état du métier.
Trois
choses plombent une carrière d’écrivain, affirmait un critique
américain à la lucidité sarcastique : les gros chèques d’éditeurs, la
vie de famille et le journalisme. A la première tare près, Philippe
Bouvier les a toutes cumulées. Et quelques autres encore, plus
chronophages et énergivores que les précédentes...
Ceci explique sans doute son arrivée tardive en littérature à 57 ans.
En
trente ans de carrière, tour à tour reporter et rédacteur en chef, il a
pourtant beaucoup écrit, de Var matin à Oise Hebdo, d’Entrevue à France
Soir.
En télévision, on a pu le voir, à l’occasion, dans « Le Vrai
Journal » de Karl Zéro, « Crime » ou « Non élucidé ». Il a surtout
tourné pour « Envoyé spécial » un film - CDCA, le syndicat - qui devait
remporter, en 1996, le trophée de la meilleure investigation au Festival
International du Grand Reportage d’actualité.
Au tournant du
millénaire, Bouvier a sillonné la France du fait-divers, sur les traces
de Michel Fourniret, Pierre Bodein, ou Yvan Colonna, sué dans le
Toulouse de l’Affaire Allègre sans tomber dans les chausse-trappes de
l’affaire Baudis, raconté à des lecteurs toujours moins nombreux les
mille petites tragédies grecques du coin de la rue.
Sa voix a encore résonné quelques temps sur les ondes autoroutières de Sanef 107.7, avant qu’il ne disparaisse complètement.
Certains
affirment l’avoir revu depuis, conducteur de rouleaux compresseurs et
autres pelleteuses, faux comptable pour un constructeur d’autocar
hollandais, ou encore acheteur d’une multinationale britannique…
Il
était temps pour le fantôme de revenir du séjour des morts livrer son
premier roman, « Au Shéol », écrit, sous l’empire de la nécessité, pour
expier la mauvaise conscience d’avoir un jour, peut-être, hurlé avec les
loups.
* Livre broché, 208 pages, 7,5 €. 13.97 x 1.19 x 21.59 cm, 12 €